VOCABRIA® et REKAMBYS® : il n’est plus obligatoire d’administrer les deuxièmes et troisièmes séries d’injections à l’hôpital !
Des traitements à longue durée d’action
VOCABRIA® et REKAMBYS® sont deux traitements, respectivement à base de cabotégravir et de rilpivirine. Ils sont utilisés ensemble (« en association »), en injection intramusculaire, dans le traitement de l’infection par le VIH chez les personnes dont la charge virale est contrôlée et stable depuis plus de six mois.
Commercialisés fin 2021 en France, leur particularité réside dans leur durée d’action longue de deux mois. Ils sont les premiers traitements dits « à longue durée d’action » permettant d’espacer les prises tout en maintenant une charge virale indétectable.
Jusqu’alors, le suivi des personnes éligibles était centré sur la prescription, la dispensation et la prise de comprimés oraux quotidiens. Par conséquent, le rythme et le mode d’administration des deux spécialités injectables a dû s’accompagner d’une adaptation des parcours de soins.
Retour sur le choix d’un suivi hospitalier rapproché
L’Agence nationale de sécurité des produits de santé (ANSM), qui définit les Conditions de prescription et de délivrance (CPD) des traitements en France, avait souhaité que les trois premières séries d’injections de VOCABRIA® et REKAMBYS® soient réalisées à l’hôpital. A l’issue de ces trois premières séries injections, les personnes pouvaient choisir de se voir administrer les injections en ville.

Graphique créé à partir des données mises à disposition par Actions Traitements, Infocarte 64, VOCABRIA ® +REKAMBYS ® : https://actions-traitements.org/wp-content/uploads/2022/11/IC-Vocabria-Rekambys.pdf Une série d’injections comprend l’administration d’un traitement puis de l’autre (deux injections en tout). La deuxième série d’injection est administrée à un mois de la première (phase d’initiation). Par la suite, les deux traitements sont injectés tous les deux mois.
Ce suivi rapproché à l’hôpital a notamment été motivé par le caractère innovant que constituait cette bithérapie injectable à longue durée d’action. L’ANSM avait jugé préférable, dans un premier temps, d’instaurer une surveillance hospitalière tant sur la tolérance que sur l’observance.
L’ouverture vers la ville : une décision fondée sur la pratique et la praticité
En novembre 2024, nourrie par les remontées de terrain des associations de représentants-es d’usagers-ères, dont le TRT-5 CHV, et par les prescripteurs-trices, l’ANSM a décidé de faire passer de trois à une le nombre de séries d’injections à réaliser obligatoirement à l’hôpital[1][2].

En effet, bien qu’il s’agisse d’une mesure de prudence, l’administration des trois premières séries d’injections à l’hôpital s’accompagnait de contraintes organisationnelles et de déplacements pour les utilisateurs-trices de VOCABRIA® et REKAMBYS®.
Or, l’Agence a jugé que les données recueillies en vie réelle et le recul acquis depuis la commercialisation des traitements permettaient d’écarter un problème particulier de défaut d’adhésion et d’émergence de résistances liées à leur administration.
En outre, les résultats intermédiaires d’une étude européenne (COMBINE-2) visant à évaluer l’efficacité et l’adhésion à VOCABRIA® et REKAMBYS® en vie réelle, n’ont pas non plus fait apparaître de problèmes justifiant la poursuite d’un suivi rapproché à l’hôpital.
Le TRT-5 CHV se réjouit de cette modification qui promet d’améliorer la qualité de vie des utilisateurs-trices de VOCABRIA® et REKAMBYS®.
A l’heure de la démocratisation des injectables, la prise en compte des données de préférence des usagers-ères, aux côtés de celles d’efficacité, de tolérance et d’observance, est primordiale pour favoriser l’accès et la prise des traitements ARV.
Par ailleurs, la modification des conditions et de délivrance de VOCABRIA® et REKAMBYS® appelle à renforcer et à adapter l’offre de soin accessible en ville par les personnes vivant avec le VIH (accès à des professionnels-les de santé habilités à l’injection, formation de nouveaux professionnels-les non spécialistes pour écarter le risque d’attitudes sérophobes notamment, etc.)
[1] Fiche info VOCABRIA®, Base de données publique des médicaments : https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/extrait.php?specid=67129301
[2] Fiche info REKAMBYS®, Base de données publique des médicaments : https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/extrait.php?specid=60150638